Une maison de quartier à Versoix ?
Courriers des lecteurs. Voici quelques-uns des courriers reçus suite à l’article consacré à ce sujet.

À quoi ressemblerait cette maison de quartier et où la verriez-vous dans la commune ?
- «Une maison adaptée pour les enfants (parascolaire), les jeunes (maison de quartier) et accessible pour les personnes âgées (activités adaptées). Je la verrai bien pas loin de l’école de Lachenal (la villa actuellement utilisée par le parascolaire).» Nancy Zbinden
2. «Villa Saladin, magasin Caritas… Je réfléchis à ce projet depuis longtemps. Une maison de quartier proposant des débats, conférences, des événements culturels, des repas, du soutien aux habitants (individuel), des moments de location près des locaux, anniversaires, enfants, événements associatifs. Une maison de quartier portant des valeurs écologiques durables et du lien social dans la paix et à l’exercice de la démocratie…» Géraldine Leyvraz
3. «Je la verrai non loin de la gare de Versoix et elle devrait être à deux étages, avec une salle de théâtre petite, avec une petite scène et de petites coulisses, une salle à manger, des salles de jeux, une salle «game», des toilettes, un bureau… etc. et de couleurs bleues et blanches pour rendre hommage à Versoix.» Elias Galati
«Je suis maman de 3 enfants, j’habite Versoix depuis 5 ans. Je me rends tous les lundis à la ludothèque pour partager des moments conviviaux avec d’autres parents qui ont leurs enfants en bas âge aussi et qui ont décidé tout comme moi, soit de s’occuper de leurs bambins, soit d’avoir un travail à temps partiel.
Je ne sais pas si vous avez eu l’occasion de vous rendre le lundi matin à la ludothèque, mais je vous assure que nous sommes vraiment nombreux, nous remplissons d’ailleurs une fiche avec le nombre d’enfants qui nous accompagnent. Des nounous aussi viennent avec leurs petits.
Je trouve vraiment dommage qu’il n’y ait pas d’autres lieux semblables où parents et enfants puissent se rencontrer, jouer ensemble… d’ailleurs, quand il pleut ou qu’il fait très froid, c’est le seul endroit où on peut se rendre.
4. Je trouve qu’il manque vraiment d’endroits pareils à Versoix ou des salles de jeux en intérieur.» Sabrina Rathod
5. «Ayant eu trois enfants ayant grandi dans cette ville, j’ai pu expérimenter en direct le manque de structures d’accueil pour eux, surtout à l’adolescence. Il y a eu l’aventure du VRAC, soldée par un échec du référendum avec, déjà à l’époque, une campagne mensongère de la mairie sur ce que coûterait un lieu polyusage, c’est-à-dire cinéma, théâtre, lieu de restauration… qu’à mon avis le Boléro ne satisfait pas. Nous avions été très déçus que ce projet soit refusé, car la place centrale géographiquement aurait été idéale pour développer quelque chose d’un peu moins pouët-pouët que l’actuel Boléro.
Bref, il n’y a pas d’endroit où les jeunes puissent se retrouver autour d’un verre (de sirop, limonade, thé, café…), lieu plus ou moins autogéré. Nous n’avons pas de véritable cinéma, la salle du Collège de Colombières étant d’utilisation limitée. À l’époque, j’ai entendu des élus dire « les jeunes vont au cinéma à Balexert, à quoi bon un cinéma sur place ? », ben voyons ! Et ce n’est pas la volonté de certains élus qui manque, mais ça coince, à croire que « jeune » soit synonyme de « problèmes » et qu’on préfère les voir migrer ailleurs.
Autre réflexion : les places de jeux pour les tout-petits sont aussi absentes ou accessibles seulement en dehors des horaires scolaires parce que situées dans les préaux. À comparer avec Genthod, bien doté, mais aussi Collex et même Bossy pour ne citer que ceux-ci.
Ce qui manque, c’est l’esprit et le désir de convivialité, quelque chose de vivant, un ou des lieux qui donnent envie de s’y retrouver. Même le marché du samedi est maigrelet, aucun effort de la mairie pour le rendre plus attrayant pour les vendeurs, maraîchers… ou la clientèle, avec en plus un bistrot fermé/un hors de prix (Bichet). On dirait que cette ville, qui est superbement dotée en nature, est incapable de rendre « sublimes » quelques endroits pour y retenir ses habitants.
Je pense aussi à l’ancienne papeterie, ce bâtiment maintenant vide, cette maison murée au bord de la Versoix, ces locaux attenants qui pourraient faire de beaux endroits pour des artisans, une salle de concerts, des ateliers d’artistes, un restaurant ou buvette au bord de l’eau…
Bref, il y a à Versoix un potentiel largement inexploité qui laisse cette ville engluée dans un statut de ville dortoir faute, surtout en hiver, d’endroits sympathiques où se retrouver, se cultiver, laisser nos jeunes se regrouper, avoir des activités organisées ou pas…
C’est mon regard, très critique parce que déçu de voir gâché un tel potentiel !» Anne Chaudieu
6. En réponse à la question « Faut-il créer une maison de quartier à Versoix ? » posée aux lecteurs et aux lectrices dans le numéro précédent du TéléVersoix Magazine, j’apporte mon soutien de principe à toute initiative visant à offrir à mes concitoyen.nes un espace polyvalent et central, un lieu de rencontre où ils et elles puissent échanger des idées, collaborer et créer ensemble.
Pour savoir si l’offre d’activités socioculturelles actuelle répond suffisamment aux besoins de la population, une étude récente et indépendante serait nécessaire, permettant ainsi d’évaluer l’adéquation entre l’offre et la demande. Or, je n’ai pas connaissance de l’existence d’une telle étude. De plus, il est crucial de prendre en compte l’accessibilité des prix des activités socioculturelles pour les ménages les plus défavorisés. Rappelons que la précarité persistante de certains quartiers place Versoix en 6e position sur 20 communes genevoises en termes de bas revenus (cf. Rapport CATI-GE 2020). Cette réalité rend encore plus urgente la création d’un lieu de rencontres interculturelles, intergénérationnelles, pensé et fait pour et avec les Versoisien.nes.
Cependant, je plaide pour la création d’un tiers-lieu à Versoix une structure dont le mode de fonctionnement, le modèle de financement et le type d’activités dépassent ceux d’une maison de quartier. Un tiers-lieu ne se limite pas aux services communautaires et aux loisirs, bien que l’on y trouve souvent un café-associatif, des espaces dédiés aux activités culturelles, des salles de réunion, des jardins partagés, etc. Un tiers-lieu offre une gamme d’activités incluant le co-travail, le co-développement, l’innovation sociale et écologique et l’entrepreneuriat citoyen. À titre d’exemple, le dispositif du revenu de transition écologique (RTE) qui vise à accélérer les initiatives de transition écologique et sociale sur le territoire genevois est piloté à Vernier par le tiers-lieu citoyen Ideavox. Bien sûr, autant à Vernier qu’à Meyrin, l’expérimentation du RTE est soutenue tant au niveau de leur politique communale qu’au travers du tissu associatif local.
Outre la diversité d’activités, un tiers-lieu favorise une gouvernance horizontale et participative, contrairement à la gestion plus hiérarchisée d’une maison de quartier. Surtout, il favorise la création de synergies entre citoyens, entreprises, associations et autres acteurs locaux, encourageant la collaboration et l’innovation collective. Et si les maisons de quartier sont souvent gérées par des municipalités ou des associations avec un financement public, le modèle économique de ces espaces hybrides que sont les tiers-lieux est certainement plus diversifié.
Entre les initiatives axées sur la mutualisation des ressources (ex: les bibliothèques d’objets, les plateformes d’échanges de services et de compétences entre habitant.e.s) et les projets participatifs s’inscrivant dans la sphère de l’économie sociale et solidaire (ex. épicerie sociale), bon nombre de possibilités s’ouvrent à l’action collective, aux associations et aux citoyen.ne.s qui souhaiteraient s’investir contre la précarité, pour la co-création des activités socioculturelles et économiques locales, ayant du sens et d’utilité pour les habitant.e.s. de notre commune.
En tant que citoyenne, j’ai essayé d’ouvrir des réflexions en ce sens par le biais d’initiatives comme celle sous ce lien . Cependant, sans soutien politique, il est improbable qu’une initiative citoyenne puisse mobiliser suffisamment pour dépasser le stade d’idée.
Rappelons pourtant que plusieurs communes genevoises assurent la mise en place et le pilotage de divers outils de participation citoyenne sur leur territoire : à Meyrin, Vernier, Lancy, Onex ou encore à Thônex, l’action citoyenne collective s’organise par le biais de contrats de quartiers, de forums citoyens ou encore de conseils d’habitants. A Lausanne, une ligne budgétaire (Budget participatif) a été ouverte dans le but de permettre la participation de manière active des citoyen.nes à la mise en place des propositions plébiscitées par les conseils d’habitants. A Genève, cet outil pourrait correspondre au dispositif dit « Contrats de quartiers » déjà opérationnel dans certaines communes.
Enfin, si la participation à la collectivité présente un important potentiel d’intégration pour les résident.e.s étranger.e.s, des études ont également démontré que le degré d’engagement citoyen des résident.e.s étranger.e.s, est corrélé avec la force du lien social.
Or, à Versoix, ville de 13’300+ d’habitant.e.s, dont 43% étrangers, il n’existe aucune infrastructure dédiée aux rencontres entre habitant.e.s où il leur serait possible de: prendre un café ou une bière après le travail, s’offrir un brunch les dimanches, discuter de tout et de rien avec des voisins lors de soirées jeux de société, participer à ou donner des ateliers d’échanges de savoir-faire du quotidien entre concitoyens, un espace pour expérimenter de nouvelles idées et manières de collaborer/projets participatifs ciblés aux défis locaux sur la commune.
Le développement d’un tiers-lieu à Versoix illustrerait la volonté de nos politiques de mettre en place les conditions nécessaires à l’expression du pouvoir citoyen, incluant directement les habitant.e.s comme acteurs clés dans la mise en œuvre des politiques publiques et des décisions qui les concernent.
Sachant que 420 soutiens citoyens suffisent désormais pour réclamer l’action de la commune en ce sens, faisons entendre nos voix en faveur d’un espace dédié aux rencontres et collaborations entre habitant.e.s de Versoix. Raluca Hartu