lundi, mars 17, 2025

La Versoix : entre nature sauvage et héritage industriel


Tout au long du reportage, le téléspectateur, jeune et moins jeune, reconnaîtra certains lieux de la région, comme l’usine hydro-électrique  de Richelien.

La Versoix, est bien plus qu’une simple rivière. C’est un véritable témoin de l’histoire, où la nature et les activités humaines se mêlent depuis des siècles. En 1969, Pierre Verdan, journaliste de la RTS, consacrait un reportage à ce cours d’eau, donnant la parole à un pêcheur passionné. La RTS a exhumé ce reportage qui nous permet de nous plonger dans cette Versoix vibrante, à la fois sanctuaire écologique et témoin d’un riche héritage industriel.

Dans ce reportage, le pêcheur décrit une biodiversité exceptionnelle, qui semble encore vivante dans ses mots empreints d’admiration. «Elle est intéressante par sa faune, par sa flore et dernièrement par l’établissement des castors», confie-t-il. Ces derniers, réintroduits après 150 ans d’absence, incarnent le renouveau écologique de la rivière. Leur travail méticuleux façonne les rives, créant des habitats favorables à d’autres espèces.

Les eaux claires de la Versoix abritent une faune aquatique variée : truites, ombres, vairons et autres poissons s’y ébattent, tandis que les rives bruissent de vie. Les promeneurs chanceux aperçoivent des cerfs au détour des sentiers ou entendent le cri aigu d’un râle d’eau. 

Une rivière chargée d’histoire

Le reportage de Pierre Verdan ne se contente pas d’explorer la biodiversité de la Versoix : il met également en lumière son rôle historique et économique. Le pont de Grilly, passage frontalier entre la France et la Suisse, est évoqué comme un symbole d’échange et de coopération. Ce lieu, apprécié pour sa simplicité et son charme, est un rappel du lien étroit entre l’homme et son environnement.

Sur le plan économique, la Versoix joue un rôle modeste mais significatif. Bien que les anciennes turbines qui utilisaient la force de l’eau soient en voie de disparition, la rivière continue de soutenir certaines industries locales, notamment une papeterie située à son embouchure.

Quant à la flore, elle compose un tableau changeant au fil des saisons. Populages, iris d’eau et muguets colorent les berges, offrant un spectacle fugace mais saisissant. Ces trésors naturels, que le pêcheur appréciait déjà en 1969, continuent d’émerveiller aujourd’hui.

– « Est-ce que les bruits d’avions vous dérangent quand vous êtes au bord de la Versoix ?» demande le journaliste.
– «Je dois dire que non, parce que je suis tellement pris par le marais que j’en oublie les avions», répond le pêcheur.
– Ah, c’est une recette à donner à tous les amoureux de la nature.»

Dans le reportage, on comprend que la Versoix est bien plus qu’un refuge pour la vie sauvage : c’est un lieu d’évasion pour les habitants. «Même si je ne prends pas de poisson, je viens pour m’y promener», avouait le pêcheur dans le reportage. Cette rivière est un sanctuaire, où l’on vient trouver le calme, loin des préoccupations du quotidien.

Le Pont de Grilly, avec ses marais paisibles, est l’un de ces lieux emblématiques. Là, le temps semble suspendu. Les habitants pique-niquent, contemplent le paysage ou s’adonnent à la pêche. Ces moments de communion avec la nature, évoqués dans le reportage, rappellent l’importance de préserver ces espaces pour les générations futures.

L’héritage industriel

Mais la Versoix, c’est aussi une histoire industrielle. Non loin de son embouchure, la papeterie de Versoix se dresse comme un témoin d’un passé où la rivière était exploitée pour sa force et ses ressources. Pendant des décennies, cette usine a utilisé l’eau pour la fabrication de papier, au prix d’une pollution qui a marqué durablement l’écosystème.

Les turbines, elles, sont une autre trace de cette époque. Ces dispositifs hydrauliques utilisaient la puissance du courant pour alimenter les moulins et les industries locales. Bien que la plupart aient cessé leurs activités, elles rappellent l’ingéniosité humaine, mais aussi le coût environnemental de telles entreprises.

Une relation complexe

Cette dualité entre exploitation et préservation est au cœur de l’histoire de la Versoix. Le pêcheur interviewé ne cache pas ses sentiments partagés : « Tout ce qui prend de l’eau à la rivière, je préférerais le voir disparaître », dit-il, tout en reconnaissant la nécessité de ces infrastructures dans le développement économique.

«Vous comprenez, on l’aime ou on l’aime pas, explique le pêcheur. C’est difficile à dire pourquoi on l’aime ou on l’aime pas, parce que d’abord, on y est venu en pêchant, et puis après, on apprend à l’aimer pour des tas d’autres raisons. D’abord, parce qu’elle nous aide à rétablir notre équilibre, disons, intérieur, chaque fois que j’ai une contrariété ou quelque chose.»

La rivière porte encore aujourd’hui les stigmates de cette cohabitation difficile. Les aménagements humains et la pollution ont altéré son équilibre, mais des efforts sont entrepris pour corriger ces erreurs. La réintroduction des castors et les mesures de protection des habitats sont autant de pas vers un avenir plus durable.

La transmission d’une passion

Ce lien entre l’homme et la rivière dépasse la simple utilité. C’est une relation d’admiration, de respect et même d’amour. «On l’aime ou on ne l’aime pas. C’est difficile à expliquer», déclarait le pêcheur dans un moment de sincérité. Ce sentiment naît souvent dans l’enfance, lorsqu’on apprend à pêcher ou à observer la nature.

Même les braconniers, qu’il évoque avec un sourire indulgent, semblent partager cet attachement : «Il faut être un tout petit peu braconnier pour ensuite bien aimer la nature.» Ce paradoxe illustre la complexité du lien humain avec la rivière, entre exploitation et préservation.

Un avenir à protéger

Si la Versoix reste un lieu de vie et d’émerveillement, elle est aussi à un tournant crucial. La sensibilisation au fil des années, notamment grâce à des initiatives comme la rediffusion du reportage de 1969, rappelle l’importance de préserver ces trésors naturels. Les associations locales, les pêcheurs et les passionnés œuvrent ensemble pour que la rivière continue d’être un sanctuaire pour la faune, un refuge pour les habitants et un témoin vivant de notre histoire commune.

La Versoix, telle qu’elle apparaît dans le reportage exhumé par la RTS, n’est pas seulement une rivière. C’est un fil conducteur, reliant les générations passées, présentes et futures à travers ses eaux claires, ses rives peuplées de vie et ses traces d’un passé industriel. Quiconque s’arrête pour écouter son murmure repartira avec une certitude : la Versoix est une richesse à protéger, pour que son histoire continue de s’écrire, encore et encore.

Pour voir ce reportage, cliquez sur ce lien: https://www.rts.ch/play/tv/en-ce-temps-la/video/la-versoix?urn=urn:rts:video:8870154

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