Quand les forains s’apprêtaient à déménager à Versoix
Souvenirs d’un reportage réalisé à l’époque par la TSR.

Dans une rediffusion d’archives proposée récemment par la RTS (ex-TSR), un reportage datant de 1966 revient sur un épisode marquant de la vie genevoise : le déménagement annoncé des forains installés à la Queue-d’Arve vers la commune de Versoix. À travers des témoignages bruts et authentiques, cette séquence historique offre un éclairage précieux sur les tensions, espoirs et incertitudes qui entouraient déjà la question du vivre-ensemble.
Des riverains entre tolérance et appréhension
Dans ce document d’époque, les futurs voisins versoisiens se livrent à micro ouvert. Certains se montrent sereins, voire indifférents : « Avec le bruit des avions, je crois pas que ça changera beaucoup. Les forains, ce sont des gens comme tout le monde. »
D’autres, en revanche, redoutent une perte de tranquillité.
Une habitante s’inquiète de «ce charroi juste devant la maison», tandis qu’un autre souligne le « va-et-vient » et les nuisances sonores à venir.
Les forains, entre attachement et résignation
Néanmoins, un appel au dialogue émerge déjà chez certains : « Il faudrait surtout trouver une entente entre voisins. Une position humaine. »
Côté forains, les voix trahissent une certaine amertume. Installés depuis une cinquantaine d’années à la Queue-d’Arve, ils voient ce départ comme une rupture: « On ne le fait pas de gaieté de cœur. On a toujours été là.»
Au-delà de l’aspect affectif, les préoccupations logistiques sont bien présentes: poids des véhicules, infrastructures insuffisantes, besoin de sanitaires et d’un terrain solidement aménagé. L’un d’eux propose même une alternative restée lettre morte : « Le vieux vélodrome de Plan-les-Ouates nous aurait bien convenu. »
Malgré tout, un sens du devoir domine : « Si vraiment tout est bien aménagé, ma foi, on ira. »
Et si ce regard en arrière nous incitait à mieux comprendre nos voisins, passés comme présents ? Peut-être qu’à travers l’histoire des forains, c’est un peu de notre propre histoire locale que nous redécouvrons.