Michel Zimmermann : La campagne des municipales est lancée, elle s’annonce intense
Lorsque le service des votations a publié les candidatures aux élections municipales des 23 mars et 15 avril prochains, la surprise fut totale de retrouver M. Michel Zimmermann, ex-conseiller municipal (PS) et ex-vice-président du Conseil municipal, dans la course au Conseil administratif sur la liste indépendante (numéro 7) : «Pour une politique sociale à Versoix». Curieux de comprendre les raisons de cette surprenante candidature, TéléVersoix Magazine est allé à sa rencontre.

TéléVersoix Magazine : Quelle mouche vous a piqué pour que vous ayez décidé de vous présenter en indépendant à l’élection au Conseil administratif de Versoix ?
Michel Zimmermann : Si c’est une mouche, c’est peut-être celle de l’indignation. L’indignation devant le spectacle désolant que, tout au long de la législature qui s’achève, la mairie de Versoix et la direction de l’administration ont donné à voir aux habitants de la commune et au-delà.
À quoi faites-vous allusion, à l’affaire Vigousse ?
Oui, certainement, mais pas seulement. L’affaire Vigousse, comme vous dites, a eu l’avantage, si on peut parler d’avantage, de mettre en évidence les rouages d’un fonctionnement institutionnel défaillant, opaque et particulièrement inadapté à la conduite d’une collectivité publique. Quand trop d’intérêts particuliers sont en jeu au sommet de la pyramide communale, à la mairie et à la direction de l’administration, c’est toujours au détriment de l’intérêt collectif, c’est-à-dire au détriment de la population.
À Versoix, c’est typiquement ce genre de déséquilibre qui s’est imposé et qui doit impérativement être corrigé. Si j’étais élu, je m’y emploierais.
Lors de la législature 2015-2020, vous siégiez au Conseil municipal dans les rangs du PS. Pourquoi cette rupture avec ce parti pour vous présenter en indépendant sur la liste «Pour une politique sociale à Versoix» ?
Si j’ai quitté le PS, ce n’est pas simplement pour me présenter en indépendant aux élections communales de 2025. Si j’ai quitté le PS, c’est avant tout parce que la section qui m’y rattachait, les socialistes de Versoix, a sombré dans une faillite politique et morale qui se lit dans le bilan affligeant des deux législatures de la conseillère administrative (PS) Ornella Enhas. Quand une élue PS va jusqu’à s’opposer à la création de quarante nouvelles places de crèche, se fait pratiquement dicter sa conduite par la direction de l’administration et assiste sans broncher à la démission de deux cheffes de service méritantes et compétentes, on peut dire que, du côté de la représentation socialiste au Conseil administratif, c’est une faillite politique. Plus grave, il y a les positions qu’elle a prises de soutien total au secrétaire général et aux poursuites judiciaires que celui-ci a ouvertes à grands frais d’argent public contre la presse indépendante.
«Politique de l’autruche»
À cela s’ajoute que le groupe PS au Conseil municipal a suivi cette politique de l’autruche en refusant de prendre au sérieux les dénonciations de maltraitance publiées dans Vigousse, dont la légitimité de la publication a été validée par les tribunaux. De fait, en refusant de suivre la majorité du Conseil municipal sur la demande d’une enquête indépendante concernant les agissements du secrétaire général, le PS de Versoix a opté pour une politique calamiteuse d’attaques contre la presse, qui nous a coûté, à nous, citoyens de Versoix, quasi un demi-million de francs en frais d’avocat pour la commune et… pour la défense du secrétaire général lui-même ! Mais le pire dans tout ça, c’est que le petit groupe PS de Versoix a systématiquement refusé d’ouvrir la moindre discussion sur le sujet. J’ai insisté, en interne, lors d’assemblées générales, pour qu’un bilan de législature soit tiré, pour que le soutien inconditionnel aux procédures judiciaires ouvertes contre la presse et des journalistes soit discuté et corrigé. Mais zéro discussion, zéro analyse ou remise en question. Preuve que l’équipe qui se présente pour 2025 est bien décidée à ne pas changer de cap. Un parti-pris consternant que je ne suis plus en mesure de cautionner.
Enfin, pour motif supplémentaire de ma démission du PS, il y a la dérive globale du camp socialiste qui se gargarise de phrases creuses sur l’inclusion, sur les thématiques de genre et autres phénomènes de société, tout en s’accordant sur le sacrifice de pans entiers de démocratie directe pour prix de sa volonté affichée d’adhésion à l’Union européenne. Mais ça, c’est encore autre chose…
N’est-ce pas un handicap pour vous de vous présenter au Conseil administratif en tant qu’indépendant sans une liste au Conseil municipal ?
Non, je ne pense pas, car ce qui, dans ma démarche, me tient à cœur est non pas de représenter les intérêts particuliers de l’une ou l’autre famille politique en lice pour le Conseil municipal, mais bien plutôt de représenter plus librement et plus directement les intérêts de la population de Versoix, sans intermédiaires. Au début de l’interview, je vous parlais de l’indignation ressentie devant la façon dont certains dossiers ont récemment été traités par l’administration et le collège exécutif de Versoix. Ne pensez-vous pas que cette indignation est très largement partagée par bon nombre de citoyens de la commune ?
Le Conseil municipal a-t-il relayé cette indignation, a-t-il exercé la moindre influence sur les agissements du Conseil administratif embarqué à grands frais dans des procédures judiciaires absurdes ? Non. En ce sens, je me présente avec pour projet d’instaurer un Conseil des habitants, comme il en existe déjà à Thônex, Vernier et Lancy, afin d’accorder davantage d’attention aux préoccupations, aux colères et aux attentes des habitants.
Sentiment de sécurité
La liste au nom de laquelle vous présentez votre candidature au Conseil administratif est intitulée « Pour une politique sociale à Versoix ». Qu’entendez-vous par une politique sociale pour Versoix ?
Une politique sociale est une politique qui se construit en partant des besoins les plus immédiats de la population. Dans les colonnes de votre magazine, j’ai pu lire que de nombreuses personnes à Versoix se plaignent d’un sentiment d’insécurité. D’un autre côté, je découvre que l’Office fédéral de la statistique (OFS) a établi que Versoix était la ville la plus jeune de toute la Suisse. Alors, je vous pose la question : vous semble-t-il que, jusqu’ici, les autorités de Versoix se soient sérieusement préoccupées de prendre en compte les besoins de socialisation de toute cette jeunesse communale ? Non, bien sûr. Or, une jeunesse privée de points de chute, privée de lieux où se rassembler, interdite de se rendre sur les rives du lac à partir de 22 heures, se disperse au bas des immeubles, à l’ombre de petits coins, aux abords de la gare et aux endroits les plus improbables. Rien de nouveau sous le soleil. C’est pourquoi, si je suis élu, je m’emploierai à créer des lieux de rencontre et de socialisation, notamment pour les jeunes, mais pas seulement. Je pense en particulier à la possibilité de créer une Maison de Quartier de même qu’un Resto-Bar dédié à la jeunesse. La gestion de ce dernier pourrait être confiée à une association de jeunes en collaboration avec le service social de la mairie.
La sécurité est un domaine complexe qui relève de la responsabilité sociale croisée d’un nombre considérable d’intervenants. La seule répression, sauf à aggraver les problèmes, ne conduit nulle part. Dans les trois communes que j’ai déjà mentionnées (Thônex, Lancy, Vernier, NDLR), les autorités ont innové en instaurant des contrats de quartier qui consistent en la création de groupes d’habitants identifiables et volontaires qui s’entendent entre eux pour organiser des activités de voisinage et faire remonter leurs revendications, des informations et toutes sortes de préoccupations liées à la vie de leur quartier directement à la mairie. Ces contrats de quartier sont intégrés à tout un réseau horizontal qui, par l’intermédiaire du service social, peut mobiliser aussi bien les travailleurs sociaux hors murs (TSHM) que la police municipale, les pompiers volontaires, la protection civile, des responsables d’associations sportives ou culturelles et, bien évidemment, les membres du Conseil administratif. Notons que là où ces contrats de quartier ont été instaurés, le sentiment de sécurité semble avoir été notablement renforcé du fait de l’implication d’un plus grand nombre d’acteurs, notamment les habitants.
Innover, instaurer des cadres qui rapprochent les citoyens des décideurs, donner la parole aux habitants et en tenir compte, participe de ce que j’entends par promouvoir une politique sociale. Si c’est possible dans d’autres communes, pourquoi pas à Versoix ?»