Hydroélectricité sur la Versoix : le Conseil d’État persiste et signe

Le débat autour de l’avenir hydroélectrique de la Versoix vient de franchir une nouvelle étape. Dans un rapport transmis au Grand Conseil, le Conseil d’État a répondu à la motion « Soyons pragmatiques : pour le maintien d’une production hydroélectrique locale et renouvelable sur la Versoix, favorable aux objectifs énergétiques cantonaux » ainsi qu’à la pétition « Pour le maintien d’une production hydroélectrique locale et renouvelable sur la Versoix jusqu’en 2060 ».

Sans surprise, l’exécutif cantonal réaffirme sa position arrêtée en 2022 : les concessions hydroélectriques ne seront pas renouvelées. Le gouvernement maintient ainsi sa volonté de redonner à la Versoix ses fonctions naturelles, en levant les obstacles que représentent les barrages et installations qui fragmentent aujourd’hui son cours.

La décision avait été justifiée, à l’époque, par un arbitrage délicat entre la production énergétique et la protection de l’environnement. Le Conseil d’État rappelle que ce choix a été confirmé par la justice et ne saurait être remis en cause par la loi cantonale du 21 mars 2025 sur la production hydroélectrique locale. Cette loi, bien qu’encourageant le développement d’une énergie renouvelable de proximité, ne s’applique pas rétroactivement à la situation spécifique de la Versoix.

Le cas de la Versoix illustre les tensions qui traversent la politique énergétique actuelle : comment concilier l’urgence de la transition énergétique, qui pousse à exploiter toutes les sources disponibles, et la nécessité de préserver des écosystèmes fragiles et de restaurer la continuité écologique des cours d’eau ?
Pour ses partisans, le maintien d’une production hydroélectrique locale, même modeste, allait dans le sens des objectifs climatiques du canton. Pour le gouvernement et ses soutiens, la valeur écologique et paysagère de la Versoix, ainsi que son rôle pour la biodiversité, justifie une décision de rupture.

Le démantèlement annoncé des ouvrages ouvre désormais d’autres perspectives. Les associations de protection de la nature y voient l’occasion de redonner vie à une rivière plus libre, favorable aux poissons migrateurs et à la dynamique naturelle du cours d’eau. Mais cette orientation implique aussi de renoncer à une forme de souveraineté énergétique de proximité, dans un contexte où la sécurité d’approvisionnement reste une préoccupation centrale.

En définitive, la Versoix devient un cas d’école : une petite rivière, au cœur d’un grand débat, où s’entrechoquent deux priorités politiques légitimes – climat et biodiversité. Le choix du Conseil d’État marque une ligne claire : ici, c’est la nature qui prime.

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