Justine Mettraux, meilleure navigatrice du monde

Début novembre, la navigatrice suisse Justine Mettraux a été sacrée «Rolex Female World Sailor of the Year », la plus haute distinction individuelle de la voile mondiale. Ce titre historique consacre une carrière déjà remarquable : jamais auparavant une Suissesse – ni même un Suisse – n’avait reçu un tel honneur. Ce couronnement intervient alors qu’elle disputait simultanément la Transat Café l’Or, l’une des transatlantiques les plus exigeantes du calendrier, qu’elle a terminée à une remarquable cinquième place avec son coéquipier Xavier Macaire.

Photo prise lors de la dernière Transat Café de l’Or, une prestigieuse course au large durant laquelle Justine Mettraux et son coéquipier Xavier Macaire ont signé une très belle cinquième place.P hoto ©TeamWork Team Snef

Cette reconnaissance vient s’ajouter à une série d’exploits qui ont déjà marqué l’histoire de la voile helvétique. Lors du Vendée Globe 2024, Justine Mettraux s’était imposée comme première femme de l’épreuve tout en battant le record féminin et en décrochant une impressionnante huitième place au classement général. Avec son titre mondial, elle rejoint désormais des légendes comme Isabelle Autissier, Ellen MacArthur ou Carolijn Brouwer, inscrivant la Suisse au plus haut niveau de la course océanique.

L’un des détails les plus révélateurs de la force mentale de la navigatrice réside dans la manière dont elle a appris la nouvelle. Ce n’est pas lors d’un gala, mais en pleine course, alors qu’elle traversait l’Atlantique vers la Martinique, à quatre jours de l’arrivée. À ce moment précis, son IMOCA filait à plus de 30 nœuds, sur le fil entre maîtrise et perte de contrôle. «C’était intense, raconte-t-elle. Il fallait rester concentrés, tout allait très vite.» Apprendre qu’on est la meilleure navigatrice du monde tout en évitant le chavirage à pleine vitesse résume parfaitement la lucidité et la maîtrise mentale qui font la marque des plus grands marins.

«Eh bien, on l’a fait !» 

La cinquième place obtenue sur la Transat Café l’Or prend une résonance particulière lorsqu’on sait que le duo naviguait sur un bateau de génération 2018, bien moins performant que les IMOCA récents. Justine parle d’une course en deux temps : une première phase stratégique, où la finesse des réglages primait, puis un match de vitesse «en deuxième division» face à des machines plus modernes comme Bureau Vallée ou Initiatives cœur. 

«Avant le départ, je me disais que faire un top 5 serait incroyable, confie Xavier Macaire. Eh bien, on l’a fait !» 

Fidèle à son caractère discret, Justine Mettraux a accueilli son titre mondial avec humilité. «C’est une super reconnaissance pour moi, mon équipe, mes sponsors et le Vendée Globe que nous avons réalisé», a-t-elle déclaré. Elle n’a pas manqué non plus de saluer ses concurrentes, Martine Grael, Allison Bell et Jazz Turner, qu’elle décrit comme «de beaux exemples de femmes qui mènent de belles carrières dans la voile».

Entre un titre mondial, une performance de haut vol sur la Transat Café l’Or et la préparation d’un nouveau projetc TeamWork–Snef, Justine Mettraux confirme qu’elle fait désormais partie des plus grands noms de la voile contemporaine. Après avoir hissé un IMOCA de 2018 au plus haut niveau, une question s’impose naturellement : jusqu’où ira la meilleure navigatrice du monde aux commandes d’un bateau de dernière génération ?

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